Jour 74... Ou jour 1, c'est selon.

Jour 74: Helpx 
Jour 1.


28 mai 2018, 12h58, Senthé, Montréal.

Oui, cette ellipse est énorme.
Oui, il s'en est passé des trucs.

Si vous voulez un article sur l'Helpx, le voila : Cheval, pluie, crottin à ramasser pendant des heures, pluie, fuite du van, champignons, grisaille, cheval, pluie, crottin, aéroport, maison, Noël, fête, claque du retour en France.
Retour à Vancouver prévu le 15 février. Roadtrip de 3 mois au Etats Unis planifié, excitation du départ, dernière ligne droite avant de revenir dans une vie stable (et attendu après presque 1 an et demi de vadrouille).

13 février 2018.

Bam. 36 tonnes dans ta face.


"Je n'ai plus la flamme."


               Ce 13 février là, au milieu du fin fond du trou du cul du monde de la forêt de la Wantzenau, me voila transformé en mignon petit lapin gambadant sur une route de campagne de nuit. Ce même lapinou qui n'a pas vu l'énorme camion lui foncer dans la gueule. Du genre, le camion qui te roule dessus laissant ta tête à 20 mètres de ton corps et tes tripes qui recolorent le bitume. Ta dignité? Haha pauvre fou, ta dignité à ce moment là n'existe bien que dans le dico.

2017/2018, l'année ou les montagnes s'effondrent .
Tu t'es deja demandé à quoi ressemble le big bang? Moi je sais…Mon bigbang à moi ressemble au Canada. Etiqueté sirop d'érable et route à nids de poules.

L'homme qui n'aimait pas danser à un sérieux sens du rythme.
24 heures avant la St Valentin.
48 heures avant l'avion.
8 ans après.


                Je savais que je n'étais pas faites pour les maths, maintenant je sais que je le suis encore moins pour la table de 8. Un infini qui pourtant en a une, de fin. On vous ment. 
Le seul infini, c'est toutes ces portes qui se réouvrent simultanément, ça en fait des courants d'air et des bourrasques. Adieu le brushing que t'as mis des plombes à faire tenir sur ta tignasse sauvages. Bonjour angine et cheveux qui colle dans ton gloss. Sexy time.
Mais des portes qui s'ouvrent c'est comme autant d'invitation à l'inconnu.  Et la curiosité surpasse toujours la peur quand on à la sensation de ne plus rien avoir à perdre.


Et maintenant?


Ellipse.
 ( Insérez ici des pleures, des kilos perdus, des doutes, des "je fais quoi?!" des "pitié reviens" des "fuck off, one more drink", des "pourquoi je suis dans un ubber les gars?!", des retours au lit à point d'heure, des montagnes d'amour dans ma face et pas forcement là où on les attends, des "Tiens moi les cheveux." de l'escalade, en masse, comme une drogue, bref, insérez ci tout ce qui de près ou de loin ressemble à une fuite en avant, une noyade dans la fête, une vie à 100% pour ne pas réfléchir, et pourtant bien trop de réflexion, bonjour les amis, rebonjour aux autres, Adele, cette boule de vie sans gouvernail est de retour.)

           J'habitais une presque parfaite petite maison douillette et rassurante dont je pensais connaitre chaque recoin et puis…"Bigger on the inside". Sauf que tout est redevenu rouge.
Pour la première fois de ma vie, j'avais des plans, stables, fixes, probables, possibles, chouettes, sur plusieurs mois. A croire que l'univers refuse que ma vie soit calme.
Coup de pied dans un château de sable que je pensais être en béton armé. Décidément…de maçon je n'ai que le nom.

         2 mois après mon éviscération sur la route, je reprend l'avion. Pas reposée, mais moins pleureuse et l'aventure en point de chute. Regard fixe. Droit devant. Ok let's go. C'est pas comme si t'avais le choix de toute façon, si t'es en vie… c'est bien pour vivre non?
Tu vas où? je sais pas. Mais j'y vais. Ca sera toujours mieux que de pas y aller et de quand même pas savoir où j'arriverais.

           On est tous quelque part un lapin écrasé sur une route paumé. Mais c'est pas grave…y'a pas besoin de tout ces membres pour prendre  un billet d'avion. A vrai dire, y'a pas besoin de ses tripes non plus, y'a juste besoin d'une carte bleu. Et de déconnecter son cerveau.
Voyager, ça reste une façon plus saine de fuir qu'oublier de vivre. Bon. Direction Montréal. 
Voyager, c'est la meilleure des fuites en avant. "Je ne fuis pas les choses, je leur cours après."
On cherche. Quoi? On sait pas, mais on cherche et ça rassure, parce-que c'est le meilleur remède contre l'ennui. Et donc la mort. 

Voyager, c'est se donner l'impression d'être immortel.


Pour un zombie dont le coeur se ballade entre les mains d'un autre qui n'en à plus rien à faire, c'est pas mal, d'être immortel. C'est deja ça.
Une adolescente de 10 000 ans qui croit avoir tout compris et qui sait encore avoir tout à apprendre.
Il faut se forcer à avancer. Parce-qu'on ne retournera jamais Hier et que les aventures de Demain sont à portées de passeport. Aujourd'hui, ça n'est jamais qu'un aéroport géant où aucunes destinations n'est indiquées.
A part le panneau "W.C" aucune indication n'est irréversible. Tout ça pour dire que la route pour te faire chier, elle tu la retrouvera toujours. Et pour l'autre route, la vraie, la fun, celle qui ne rassasie jamais, celle là, faut continuer de chercher et d'avancer.

             Ce roadtrip aux Etats Unis qui me faisais tant rêver…je ne peux pas le faire de suite. Trop cher, pas calibrer pour moi toute seule. Les plans sont à revoir mais je le ferais.
Reste Kodiak, cette quintessence d'un voyage angoissant et magique, resté à Vancouver. On connait tous mes qualités de pilote donc…le faire rapatrier.
Hop, 3 semaines après moi, le voila arrivé à Montréal. Avec des réparation en cours de route, Kodiak lui, ne change pas.
Bim, hécatombe, j'ai sous les yeux le cadavre d'une histoire d'amour belle à crever qui ne devait jamais mourir. (J'ai aussi sous les yeux la perspective de moults réparations et complications, mais ça, franchement, à ce moment là, je m'en contrefou royalement.)
Kodiak, moi je l'aime ce van, il est de retour, il a finit sa boucle. Retour au bercail.

            L'apnée de la fête se transforme en apnée du travail ici. Si on compte pas les 3 sessions de grimpes par semaine, je suis monotache. (Les crêpes du dimanche sur fond de Doctor Who, ça compte pas. On chipote pas avec les traditions quand même)

             Je vous passe les épisodes Tinder, ce hall de gare qui pue le sperme et la solitude. Ouai, y'a mes parents qui lisent tout de même. Coucou maman, coucou papa. Ouai… c'est rock'n'roll et triste d'être sur le marché de la viande à presque 30 piges. Faisandé c'est le mot. Je vous invite à lire Blanche Gardin qui parle de ça bien mieux que moi.
Mais… 

                 Oh les belles rencontres! Oh, les moments magiques et improbables qui n'arrivent que lorsqu'on débranche son cerveau! Oh les avalanches d'amour de toute part sauf de là ou l'on voudrait (t'as cru tout été rose? Beh non.)
Entre les amis pas assez vu les dernières années, ceux au coeur de l'histoire comme des enfants dont les parents divorcent, ceux qui t'ouvrent leurs canapés à coussin ouvert, les amours d'enfances au timing parfait et aux mots encore plus, la famille, et même ces dizaines d'inconnues sur Solo Women Travel Tribe, mes amis pour la vie que je ne reverais peut-être jamais plus de Nola, je ne sais plus où donner de la tête. On m'aime et c'est deja pas mal. Tu ne m'aime plus et c'est dommage pour toi. Ma foi, je serais triste aussi à ta place, de ne plus réussir à aimer la fille la plus géniale de la planète. Ouai ouai, rien que ça (j'en rajoute si peu. J'ai le droit, je me suis fait largué, l'autocongratulation pour éviter de croire que je suis nulle. C'est de la thérapie tout ça ma bonne dame.)

            Les moments nutella il y en a eu…entre la semaine à la Nouvelle- Orléans (je reviendrais surement dans un article rien que pour elle.) magique ou je me suis sentie exactement là où je devais être, quand je devais l'être, à sauter sur un train en marche comme dans un vieu western, de nuit, pour traverser une voie ferré, à siroter les meilleurs frozen irish coffee du monde et regarder le Mississipi couler sous la lumière des étoiles, à cette nuit improbable sur un rooftops à mater un couché de soleil en écoutant un concert et en finissant  dans un atelier d'artiste à faire du bodypainting, ces fêtes, mon dieu ces fêtes, de danse et rire et vie jusqu'a point d'heure, des tatouages sur des coups de tête, ce séjour aux Rousses qui remit mon cerveau dans l'ordre et apaisa mon coeur, en passant par toutes ces journées à travailler comme j'aime, en musique, avec mes mains et mon imagination et toutes ces séances d'escalades, bref, tous ces moments magiques, drôles, spontanés qui on peuplés mes 3 derniers mois et qui n'auraient jamais existés si mes tripes n'avaient pas recoloriées le bitume. Comme quoi, le rouge ça vaux toujours mieux que le noir.

Oui mais.

                Comme un robot qui sait que "c'est beau", "c'est drôle", "c'est improbable", je sais mais ne ressent plus qu'à moitié. Ils sont rares ces instants où la beauté du moment ne m'a pas fait me sentir si vide. Il manque un bout de moi. Celui laissé sur le camion. Comme le cadavre d'un papillon sur une calandre. C'est joli, c'est poétique, mais c'est quand même mort et c'est quand même dommage.
Et il ne sont pas si rares ces moments ou j'ai l'amour au bord des yeux qui déborde en cascade de "Ca ne sert plus à rien".
C'est dur, 8 ans de conditionnement à déconditionner. 8 ans d'habitude à déshabituer. 8 ans de construction pour finir en coup de masse sur les murs. Bordel, tous ces allers retours au Castorama pour rien.
Ca prendra du temps, et c'est un drame, pour moi, l'éternelle impatiente. Je n'aime pas attendre. Je n'ai pas le temps d'attendre. Du moins…je ne me donne pas le temps.
Alors on verra, dans quel avion je grimperais, avec dans mon sac une des plus belles aventures de ma vie, qui comme toutes les belles histoires ont une fin. Et puis, on ne pleure qu'à la fin des bon films non? (ou des mauvais…mais  pas pour les même raison j'imagine…)

Mon dieu, qu'il va être dur le choix de la destination… il y en a tellement.
J'ai cru pendant des années qu'il fallait que je me cadre, que je me gère, que j'apprenne la tempérance et que je lutte contre mon côté tout feu tout flamme. Et puis maintenant je me dis à quoi bon? Peut-être suis je faites pour exploser à la face du monde (la version paillette, pas la version Al qaida hein. En plus, 72 vierges, je saurais pas quoi en foutre. "C'est quoi ça? C'est un clito mademoiselle. Bon. Ca va être long l'éternité…" -Ah, Papa, Maman, vous êtes encore là?!-)

Alors oui, il y a 6 mois on était dans notre van qui prend l'eau à ramasser du caca de cheval. Et aujourd'hui, je suis toute seule à vous écrire en direct de Montreal, que la vie, et bien, mes amis, elle continue et les aventures, et bien, elle risquent fort d'arriver à chaque coin de rue.














































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