Jour 12 : Métaphysique d’un cerveau en voyage.



Ca n’a peut-être rien à foutre sur un blog de voyage. Ou peut-être qu’il n’y a pas meilleur endroit pour.


Je ne parlerais ici pas de Montréal.

Nous sommes dimanche 22 janvier. 11H28. Jordane est partie jouer un match à Laval. Je ne le verrais pas avant le début d’aprem.
J’ai enchainé deux jours de travail de 8h à 22 heures en cumulant le Pain doré et le St Denis.
Demain je reprend.
Je suis défoncée.
Et je me manque à moi même.

Qu’est ce que dirais ma Moi de 15 ans si elle me voyait là ? J’aurais probablement honte et je serais blasé. Je me dirais « tu t’es oublié bordel qui êtes vous Adele Masson ?!!! »
J’ai envi d’être heureuse mais force est de constater que je ne le suis pas.

Je réalise ce matin que ma vie ma conditionné à accepter le premier job qui vient parce que j’ai peur de manquer d’argent. J’ai peur d'être dans la merde. J’ai une trouille bleu de ça.
J’ai eu une enfance super heureuse mais oui, j’ai vu, ce que c'était de pas avoir d’argent. Et je me suis dis « plus jamais » sauf que j’ai zappé la partie ou il fallait se faire plaisir. La partie ou il fallait tout simplement vivre.
Ca n’est pas une excuse. Ca ne doit plus l’être.
Cette obsessions constante du travail je l’ai depuis 10 ans et je n’en démord pas. D’abord il a fallu rembourser mon prêt pour l’école de maquillage. Et puis après il a fallu surtout mettre de côté « au cas ou ». Et pas forcement pour moi d'ailleurs. Pour la famille.
 (Tout n’est pas perdu bien sur, ça m’aura forgé un caractère de putain de bosseuse. Et ça, c’est une putain de qualité… il faut que j'apprenne à m’en servir pour les bonnes choses. Je suis capable. De grandes choses. De me dépasser. De travailler dans un tas de situation même parfois des pas cool. On peux me faire confiance et se reposer sur moi. Non, définitivement, ce n’est franchement pas 10 années de perdues...)
Mais voila j’en ai raté des fêtes… j’en ai raté des opportunité de chose chouette parce que « non, ça fais cher quand même, je peux m’en passer. ». Et tout ça, à la rigueur, ce n’est pas bien grave. Il y en a eu d’autre, des milliards, d’instant géniaux.
J’ai surtout raté une partie de l’insouciance qu’il faut pour aller de l’avant et pour mettre en place des projets.
J’ai raté l’insouciance qu’il faut à l’ambition pour devenir du concret.


Ma maladresse à être constamment organisée et prévoyante financièrement m’a juste engluée dans un système ou l’on oublie de rêver et surtout de tenter.
Là, ça fais deux mois que je travaille dans un endroit ou l’équipe est adorablissimes mais où, bordel, je suis malheureuse.
Je n’ai pas le temps de m'émerveiller, de découvrir, de vivre de tenter.

Parce qu’il faut lâcher prise pour être heureuse
. Lâcher prise et tenter. Assumer ses choix, assumer ses possibles erreurs. Aller de l’avant même si c’est l’inconnu. Sortir de sa zone de confort pour aller vers quelque chose dont on ne connais encore rien.
Avoir les couilles de laisser derrière une situation, un emploi, pour peut-etre ne pas en avoir un autre mais pour tenter d'être heureux. Je refuse de me réveiller dans 30 piges et de me dire que parce que je n’ai pas oser, je n’ai pas été heureuse. Ca serait si triste ! Il y a tant de monde qui vit ça.
Apres l’Ennui, CA c’est ma pire crainte.
Courage ou lâcheté aller savoir… et après tout est ce important ?!

J’ai travaillé dur pour arriver au Canada, on a eu la chance, tout les deux d’avoir ce visa graal, pour quoi ?! Pour le gâcher en reprenant les mêmes connerie qu’en France ?!
Grand dieu une vie de stagnation dans l’erreur… quelle horreur ! Quel gâchis ! Non !
Un cercle vicieux dont on ne sort pas parce que le travail alimentaire bouffe le temps et l'énergie. On ne se rend plus compte qu’on meurt. C’est comme la grenouille dans l’eau bouillante. On ne réalise plus qu’on ne s’appartient même plus à soit même…
Aujourd’hui je me rend compte que je ne suis que l’ombre de moi même. De cette fille pétillante enjoué, rageuse, folle, impatiente, rebelle, débile, naïve, avec une propension extraordinaire à l’espoir malgré un réalisme bien bien ancré…
Beh oui, le monde est pourris. Mais y’a pas de raison de ne pas vouloir le rendre beau.
Aujourd’hui je suis grise à crever. Et je déteste le gris.
Bien sur, je rêve toujours de me lever le matin heureuse d’aller au taff, de me coucher avec l'excitation de la journée de demain. De ne plus jamais avoir à aller travailler…:)
Mais en attendant que je trouve cela, je vais vivre.
Je me manque. La vie me manque.
C’est cela aussi voyager, s’expatrier. C’est tout lâcher pour vivre autre chose. C’est découvrir. C’est l’école de la vie.
Alors je vais arrêter d’être mauvaise élèves et pour la première fois, faire mes devoirs.

Stop. Aujourd’hui j’ai décidé de commencer à vivre. Que cela vous plaise ou pas. Que cela soit dur ou non. J’ai décider de faire des choses qui me font peur. De lâcher un travail ou je suis mal. De lâcher un système de survis que j’ai mis en place seule et qui n’est pas, plus, viable.
De vivre demain sans les entraves d’hier.
Je décide aujourd’hui d’avoir mille ans et 15 ans en même temps.

Adele Masson, bonjour vous:)

Commentaires

  1. Adèle,
    Pas de "è" démultiplié ni de point d'exclamation, cette fois. Ton blog du jour me bouleverse. Un jour, lors d'une discussion avec Jordane, je lui ai parlé d'une idée de série que j'avais eue. Le pitch : un mec qui disposerait de dix occasions de remonter d'une minute le cours de sa vie pour réparer ses erreurs et rattraper les occasions manquées. Ça lui avait beaucoup plu, je crois. Ton sursaut de lucidité, quasiment un examen de conscience, résonne très fort en moi. Parmi les quelques "théories" auxquelles je m'accroche, il y en a deux que je voudrais partager avec toi. D'abord, je crois énormément à la notion de "bon moment", de "timing" si tu préfères. Et j'ai l'impression que ton état d'esprit actuel arrive pile poil dans ta vie, ni trop tôt, ni trop tard, mais maintenant, à la seconde précise où il devait se manifester. Même si c'est douloureux, ne cherche pas à "passer au-dessus" : explore-le, écoute-le, confronte-toi à lui. Ce n'est pas une "crise" que tu traverses : c'est un signal d'alarme que tu te donnes à toi-même, un peu comme la fièvre quand elle prévient l'organisme de l'imminence de quelque chose de plus sérieux. Si on ne la soigne pas, on tombe vraiment malade. Sois heureuse de passer par cette étape. Trop de gens ratent leur vie en faisant la sourde oreille à leurs sirènes de pompiers intérieures. Tu as la chance de l'entendre aujourd'hui et pas dans quarante ans, quand il sera trop tard. Et ma seconde "théorie" du jour, un peu pompeuse j'en conviens, c'est celle-ci : dans une vie, il y a au maximum deux, voire trois occasions où il faut d'abord penser à soi, au mépris de l'opinion des autres, au mépris du bon sens, au mépris de tout ce qu'on nous a toujours appris. La dernière fois que ça m'est arrivé, c'était il y a une grosse vingtaine d'années, quand j'ai décidé de couper les ponts avec un groupe en général, et une personne en particulier. Ça a été une décision terrible, mais j'ai eu l'intuition irrationnelle, presque médiumnique, de devoir la prendre, car il en allait de mon avenir, de ma liberté, de mon salut. Aujourd'hui, cinq ou six personnes me considèrent comme un "traître", mais je l'assume. Si je n'avais pas fait ce que j'ai fait à ce moment-là, je ne serais pas le même homme, je n'aurais pas la même vie. Alors pense à toi. Je crois que tu as le courage nécessaire et le cuir assez solide pour ça. Et tu as toute ton existence pour en ressentir les bienfaits. J'espère ne pas être à côté de la plaque en t'écrivant tout ça.
    Bisous,
    Bernard.

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  2. Coucou Bernard!

    Merci de prendre encore le temps de me lire même quand je n'écris pas de chose super joyeuse!
    Je pense que tu as raison quand tu parle de timing. Je suis persuadé aussi que la plupart des choses bien ou mal, des gros croisement de nos vies se jouent parfois à rien du tout.
    J'espere réussir a m'écouter... même si la raison et le sens pratique rattrape toujours un peu l'instinct. Peut-etre faut il savoir faire la balance... ou bien parfois partir les yeux fermés pour trouver ses moments de croisement... je ne sais pas...
    Mais j'ai effectivement le coeur un peu plus leger depuis !
    Pas mal ton idée de scénario! Ca ne m'etonne pas que Jo ai apprecié... bon... à quand le tournage?;)
    Tu as surement bein fait de lacher du monde comme ça. Apres tout... qu'est ce qu'on s'en fiche d'être mal jugé par des gens qu'on a plus envi d'avoir dans sa vie... J'ai compris ça il y a longtemps, que se detacher de certaines personne n'est absolument pas un mal mais bien le contraire. Il y en a d'autre qui reste là toute la vie et qu'on garde par tout les moyen bien au chaud... les autres... et bien autant ne pas s'en ennuyer!

    Bisous!!

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  3. Coucou Bernard!

    Merci de prendre encore le temps de me lire même quand je n'écris pas de chose super joyeuse!
    Je pense que tu as raison quand tu parle de timing. Je suis persuadé aussi que la plupart des choses bien ou mal, des gros croisement de nos vies se jouent parfois à rien du tout.
    J'espere réussir a m'écouter... même si la raison et le sens pratique rattrape toujours un peu l'instinct. Peut-etre faut il savoir faire la balance... ou bien parfois partir les yeux fermés pour trouver ses moments de croisement... je ne sais pas...
    Mais j'ai effectivement le coeur un peu plus leger depuis !
    Pas mal ton idée de scénario! Ca ne m'etonne pas que Jo ai apprecié... bon... à quand le tournage?;)
    Tu as surement bein fait de lacher du monde comme ça. Apres tout... qu'est ce qu'on s'en fiche d'être mal jugé par des gens qu'on a plus envi d'avoir dans sa vie... J'ai compris ça il y a longtemps, que se detacher de certaines personne n'est absolument pas un mal mais bien le contraire. Il y en a d'autre qui reste là toute la vie et qu'on garde par tout les moyen bien au chaud... les autres... et bien autant ne pas s'en ennuyer!

    Bisous!!

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  4. Coucou Adèle,

    Plus d'un mois sans lire de tes/vos nouvelles. J'espère que tout va bien.

    Des bisous, un pour toi, un pour Jordane.

    Bernard.

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